Carlos Alcaraz, comme une moule sur son Rocher

Chaque semaine, un résumé à la volée de l'actu tennis

Service à la Cuillère
7 min ⋅ 15/04/2025

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Sommaire

  • Master 1000 de Monte Carlo : Carlos Alcaraz rétablit un peu la vérité

  • Au programme de la semaine : semaine de 500 et rentrée des classes à l’école des filles

  • Pendant ce temps sur les challengers : un états-unien imbattable, un belge juste trop fort

  • Elles ont raté leur semaine : un désastre à la française en BJK Cup

  • Elle est de retour : pour la 36ème fois en 5 ans, Bianca Andreescu revient

Réponse au Qui suis-je ? de la semaine dernière : Kyle Edmund
Je surprends mon Edmund (et moi-même) lorsque j’atteins les demies finales de l’Open d’Australie 2018. Alors que je suis 49ème mondial. J’ai sans doute fait gagner un ou deux smics à quelques parieurs patentés. Je suis devenu un vrai sujet (de sa Majesté la Reine) pour mes adversaires cette année là et … c’est à peu près tout. Un titre à Anvers en fin d’année, des quarts un peu partout, un 2ème titre en 2020 à New York mais c’est pas l’US Open évidemment. Même si j’aurais préféré. Des anglais pensaient vraiment que j’étais la relève de Sir Andy Murray. N’importe quoi.

“Sir Edmund”. Ça sonne pas mal pourtant ©skynews

Master 1000 de Monte Carlo : ou plutôt Monte Carlos

1er tour :
Richard Gasquet, dernière. Il se révèle en 2002 avec une victoire au 1er tour contre Squillari à 15 ans. Il s’offre Matteo Arnaldi (40ème) au 1er tour à 38 ans et offre au public des derniers revers qui claquent. Medvedev crampe mais gagne contre son frérot Khachanov au bout du bout de la journée.

2ème tour :
Les portes de Monte Carlo se ferment déjà pour Alexander Zverev, celles de chez lui s’ouvrent pour se reposer. Ou plutôt pour méditer. Il perd contre Berrettini à l’issue d’un sacré combat, mais une issue qui ressemble à celle des derniers mois pour l’allemand. Alex Muller ne passe pas loin contre Medvedev, Monfils bute sur Rublev qui ne s’est pas énervé (merci Marat ?), Alcaraz colle un 6/0 6/1 à Cerundolo mais ça fait 3 sets quand même. Djokovic n’est pas sorti de chez lui mais sort du tableau contre Tabilo. Du Tabilo noir donc.

8èmes de finale :
Casper Ruud ne gagnera pas comme nous l’avions prévu car il s’incline contre Popyrin. Popyrin. Sur terre battue. Il va falloir se retrouver Casper. Fils détruit Rublev qui ne s’est toujours pas énervé. Pas eu le temps. De Minaur colle un 6/2 6/2 à Medvedev et ce sera encore mieux au prochain tour, accrochez vous. 1 et 1 pour Tsitsipas, 3 et 3 pour Musetti, les outsiders se montrent.

Quarts de finale :
Davidovich Fokina, toujours à l’aise à Monte Carlo mais pas dans sa tête, ramène Popyrin sur terre. Musetti montre son museau en renversant Tsitsipas en 3 sets. De Minaur ne laisse pas une miette à Dimitrov. Plus propre que propre, le bulgare repart fanny 6/0 6/0 et c’est inédit. Pour les deux. Ce qui contre-balance avec le thriller que nous offrent Alcaraz et Fils. Plus qu’au niveau, surpuissant, Arthur nous fait penser qu’il va le faire lorsqu’il mène 6/4 5-5 0-40 sur le service de Carlos. Il y pense aussi, forcément. Il y pense toujours autant lorsqu’il a le break tôt au 3ème. Mais non, Carlos renverse la table et notre français.

Demies finale :
Peu de monde pensait #LaFokine capable de battre Carlos Alcaraz. Et c’est normal. Carlos Alcaraz est sérieux pour s’imposer 7/6 6/4 et rallier pour la première fois la finale de Monte Carlo. 6/1 dans le premier set pour De Minaur contre Musetti. Le mec marche sur l’eau depuis 3 matchs. Et puis Musetti rappelle à tout le monde que c’est un terrien, pas de Minaur. Alors ça bataille et #LaMusette s’en sort 7/6 au troisième. Quatrième fois de la semaine qu’il perd le 1er set l’italien mine de rien.

Finale :
Habitué à démarrer piano ses matchs cette semaine, Lorenzo Musetti nous offre sa plus belle partition au 1er set contre un Alcaraz spectateur et dépassé. Musetti joue sans fausse note jusqu’à ce que son physique lâche. Et que Alcaraz monte en gamme. Ou commence à les réciter. L’italien ne veut pas abandonner parce que c’est une finale de M1000, sa première. Mais il est bien arrivé au bout de sa chanson et il n’a plus de voix. 3/6 6/1 6/0 pour Alcaraz qui décroche son premier Monte Carlo. Il était attendu et il n’a pas déçu. Ce qui est flippant, c’est qu’on sent qu’il peut faire beaucoup mieux. Et Musetti ?

Et roulez jeunesse ! ©ValeryHache/AFP

C’est au programme cette semaine

WTA 500 Stuttgart - Allemagne : les filles remettent le couvert à couvert
Stuttgart mi-avril, c’est pas l’assurance tout risque côté météo, alors c’est sur terre battue en salle. Côté assurance toujours, on espère en revanche que la Porsche qui va avec le trophée l’est déjà, assurée. Et que la vainqueure a le permis. Il y a du beau monde en tout cas avec 6 des 7 premières mondiales. Sinon, les sœurs Andreeva s’affrontent au 1er tour.
La favorite : Aryna Sabalenka parce qu’elle est mieux qu’Iga Swiatek en ce moment
La pièce : Mirra Andreeva, c’est encore une pièce ? Une petite, juste une petite ?

WTA 250 Rouen - France : les françaises ont-elles une chance…
… d’être en 8èmes de finale ? Caro Garcia et Alizé Cornet sont forfaits, on y reviendra. Burel est blessée, Parry est bloquée. On y reviendra aussi. Tout sur Tiantsoa Rakotomanga Rajaonah, 19 ans et 291ème qui a gagné son 1er tour contre Bronzetti, 58ème. Ou Fiona Ferro, 376ème qui vient de sortir Kessler, 43ème ?
La favorite : Elina Svitolina, tête de série n°1 et qui ne déteste pas la France (et les français)
La pièce : Bianca Andreescu parce qu’on veut qu’elle redevienne forte

ATP 500 Barcelone : Espagne : d’ordinaire les héros de Monte Carlo enchaînent
L’année dernière les finales de Monte Carlo et Barcelone étaient identiques (Tsitsipas et Ruud). Mais le vainqueur différent. Est ce que Carlos Alcaraz est capable d’enchaîner ? Telle est la question. Il y a du beau monde, en espérant que la météo le soit aussi.
Le favori : Carlos Alcaraz. Pas besoin de préciser pourquoi. Si ? Parce que Sinner n’est pas là.
La pièce : Arthur Fils. Qui est dans la moitié de tableau d’Alcaraz, on sait on a vu.

ATP 500 Munich - Allemagne : ou le tournoi des frustrés de Monte Carlo
A Munich on ramasse des joueurs de retour ou déçus et décevants de la semaine dernière. Mensik pour le retour, Zverev, Cerundolo, Humbert et son petit doigt cassé, Auger-Aliassime ou Shelton, ils sont tous là. Il y a quand même de sacrés abîmés dans le tableau, ce qui le rend équilibré et presque intéressant.
Le favori : il n’y en a pas un seul qui est en capacité de la gagner vu comme ça.
La pièce : tout le monde, le moins mauvais du (tab)lot. Fran Cerundolo ?

Pendant ce temps sur les challengers…

Parce que le tennis, c’est pas que strass et paillettes, on vous emmène dans la ligue 2 du circuit, là où les courts ont des bosses, les grillages des trous et les balles sont parfois un peu volantes.

Challenger 125 de Mexico - Mexique : Luka Pavlovic, la presque belle histoire
Même pas certain d’intégrer le tableau final (il fallait qu’un joueur se retire), Luka Pavlovic a bien fait de rester. Il a poussé la chanson jusqu’en finale, sa deuxième après septembre dernier. Il a fini par buter sur Meligeni Alves mais repart avec des victoires sur Mannarino ou Varillas. Avec ces 61 places gagnées, il pourrait même rentrer dans les qualifs pour Roland Garros.

Challenger 100 de Monza - Italie : trop facile les challengers pour Collignon
Il va peut être falloir penser à quitter les challengers pour Raphaël Collignon, qui vient d’intégrer le top 100 et va finir par s’ennuyer à force de gagner. Tête de série n°1, il a confirmé en battant l’ukrainien Vitaliy Sachko en finale, déjà frustré en finale de Barletta la semaine dernière.

Challenger 100 de Madrid - Espagne : définitivement trop facile pour Majchrzak
Demi-finaliste du 250 de Marrakech la semaine dernière, le polonais qu’on appellera par son prénom Kamil est arrivé au dernier moment à Madrid pour finalement gagner. En finale il a disposé de Marin Cilic qui a lui même battu le métronome des challengers Valentin Royer, en demies encore une fois. C’est la 6ème fois d’affilée qu’il est au moins à ce stade du tournoi (2 titres, 1 finale, 3 demies).

Challenger 75 de Sarasota - Etats-Unis : Emilio Nava est un bot
Ça devient n’importe quoi. Non content d’avoir gagné les deux derniers challengers auxquels il a participé, Emilio Nava s’en est englouti un 3ème sans rien laisser à personne. Il n’a plus perdu un set depuis 13 matchs et en est à 18 victoires sur ses 19 derniers matchs. Ça ne vaut même pas la peine de mentionner ses adversaires.

Emilio Nava fait genre “je réalise pas”. Ça fait 3 semaines que ça dure ©JenniferJoyWalker

Elles ont raté leur semaine : la débandade française

C’est la guerre. Sur le champ de bataille la guerre est déjà perdue, et bien perdue. Dans les coulisses par contre elle fait rage. En mode ça tire à balles réelles, à boulets rouges, couteaux dans le dos tout ce que vous voulez.

Le contexte
Billie Jean King Cup, 2ème division. La France joue pour aller chercher les barrages d’accession au Groupe Mondial après en avoir été sortie l’année dernière.
La poule est composé de la Suède et la Turquie. La France est représentée par Gracheva, Garcia, Parry, Burel et… Cornet pour l’expérience et logiquement faire le nombre. Logiquement. Les deux premières nations joueront ensuite une dernière rencontre pour rêver des barrages encore plus tard.

Les rencontres
France - Suède 3-0.
Gracheva et Burel assurent contre les 511 et 975èmes mondiales, le double est géré aussi. Quand même.

Turquie - France 1-2.
Burel menait 4-1 contre Aksu (307ème). Avant que ses ligaments croisés du genou droit ne lâchent. Courage à elle. Gracheva ne marque que 3 jeux contre Sönmez, 77ème. Le double est gagné avec Alizé Cornet.

Belgique - France : 0-2.
Hallucinant. C’est une Alizé Cornet diminuée qui est envoyée au casse-pipe lors du premier simple contre Vandromme, 17 ans et 758ème. Alors qu’elle est sortie de sa retraite il y a une semaine et a abandonné lors de son 3ème match. Alors qu’il y a Garcia et Parry sur le banc. Cornet perd 6/3 6/3.
Varvara Gracheva, aux abois, se bat mais ne bat pas Greet Minnen, 92ème. Rideau.

La décla (et c’est là qu’on commence à rigoler) du capitaine Julien Benneteau

Cette semaine, certaines joueuses ont été exemplaires tandis que d'autres n'ont pas assumé leurs responsabilités. Il y avait des douleurs chez toutes les joueuses. […] Je ne parle pas que de Caroline, il y a aussi Diane. Aucune ne m'a dit : Ça va tirer, ça va être dur, mais je vais y aller […] A un moment donné, elles doivent assumer et prendre leurs responsabilités

Ce n’est donc pas le capitaine qui quitte le navire, on ira pas jusqu’à dire que ce sont les rats, question de respect. Mais il y a une forme de supposée reddition avec des comportements qu’ont dit injustifiables de certaines joueuses. En l’occurrence Caro Garcia et Diane Parry. Le mal est très profond pour que Julien Benneteau fasse sortir ça dans le presse. La fédération était elle au courant de la sortie à venir du capitaine ? A-t-elle même donné son aval pour le faire ? L’eau n’est plus dans le gaz, c’est le gaz qui déborde et ce n’est sans doute pas fini. Les coulisses sont agitées et le feu allumé par Benneteau n’est pas prêt de s’éteindre, même si Garcia n’en n’a pas rajouté dans sa réponse ce mardi.
C’est peut être même mieux que ça explose enfin quand on voit le classement des françaises. En fin de compte, elles sont à leur place en deuxième division, pas besoin d’en faire un scandale.

Ça fume, ça fulmine puis ça explose ©P.Lahalle/L’équipe

Elle est de retour : Il y aura bientôt autant de retours d’Andreescu que de saisons des Feux de l’amour

C’est une histoire qui se répète. Encore et encore. Est-elle seulement fatiguée de sans cesse essayer de revenir au plus haut niveau et calmer tout le top 10 ?
Formidable de résilience, Bianca Andreescu est de nouveau engagée dans un tableau WTA cette semaine à Rouen. Cette fois après 6 mois d’absence. Son dernier match remonte à fin octobre 2024. Elle voulait revenir plus tôt mais son appendice s’est enflammé en février, tout content à l’idée de se balader sur les courts. Et hop, deux mois de plus. A ce niveau là c’est de l’art.

Bianca Andreescu n’a pas encore 25 ans. Et pourtant raconter son parcours depuis son arrivée sur le circuit est presque plus compliqué que celui de, au hasard, Alizé Cornet.
La canadienne était une quasi inconnue avant de gagner en 2019 à 18 ans Indian Wells, Toronto et l’US Open. Elle est n°4 mondiale avant de faire une saison 2020 blanche. Puis de jouer 29 matchs en 2021, 31 matchs en 2022, 31 en 2023 et 21 en 2024. Sans gagner un tournoi (finale M1000 Miami 2021).

Aujourd’hui on ne sait pas quoi penser de Bianca. La voir revenir dans le top 10 et se battre voire gagner un deuxième titre du Grand Chelem est improbable. Mais Bianca Andreescu est justement improbable. Donc c’est probable. Sur terre battue ce pourrait être un peu juste. Mais si elle réussit, pour la première fois, à enchaîner des matchs, elle arrivera à point pour l’US Open 2025 et en claquer un deuxième. Ce ne sera pas contre Serena Williams, mais battre Aryna Sabalenka en finale, c’est pas mal non plus.

“Venez venez venez, que je vous explose de nouveau” ©PeterPower

Service à la Cuillère

Par Service à la Cuillère

Service à la Cuillère, c’est l’aventure d’un passionné de tennis pas (du tout) assez talentueux pour faire carrière mais qui a toujours caressé l’espoir de remplacer un jour ce bon vieux Chamoulaud sur France TV pendant deux semaines fin Mai - début Juin si vous voyez ce que je veux dire.

Sans prétention mais pas sans espoir, je souhaite simplement transmettre la passion qui m’anime, raconter des histoires, rigoler et être un peu acerbe aussi, parce que c’est drôle d’être acerbe.
Dépoussiérer le tennis, c’est pas une mauvaise idée non ? Et puis, “mieux vaut les voir faire ça qu’ils traînent dans la rue à faire des conneries” que se disent nos vieux. Je déconne, j’ai plus de 30 balais et je suis bien occupé la journée.

Allez, les joueurs sont prêts, jouez !