Chaque semaine, un résumé à la volée de l'actu tennis
Wimbledon 2025 : Swiatek - Sinner : trajectoires croisées, destins liés.
Amanda Anisimova : vaut-il mieux perdre 6/0 6/0 ou en ayant 4 balles de match ?
Wimbledon 2025 : le carnet de notes.
Fabio Fognini : c’est ciao l’artiste.
C’est drôle quand même comme parfois le hasard fait bien les choses. Enfin, bien, tout est relatif. Mais à regarder de plus près, les vainqueurs en simple de Wimbledon 2025 partagent plus que seulement la traditionnelle danse de clôture du tournoi. Alors même que leur trajectoires au classement et de carrière semblaient se croiser ces derniers mois, Jannik Sinner et Iga Swiatek ont plus d’un point commun.
On ne les pensait pas herbivores à ce point et ils ont fini par dévorer tout le monde. On les avait laissés sur deux énormes frustrations à Roland Garros et ils ont su rebondir là où on ne les attendait pas forcément. Pourquoi on ne les attendait pas ? Parce que sur gazon l’historique et les faits d’armes de la polonaise et de l’italien n’inspiraient pas la confiance absolue.
Et puis au fur et à mesure de la quinzaine, Iga Swiatek a commencé, seulement commencé, à apprécier l’herbe. Le score qu’elle a l’habitude d’infliger à ses adversaires sur terre battue, voilà qu’elle applique le même tarif ou presque à Wim’. Si bien qu’elle finit le tournoi en gagnant ses 3 derniers sets sur le score qu’elle apprécie tant de 6/0 contre Bencic et Anisimova. Iga Swiatek a désormais 6 titres du Grand Chelem, soit un de plus que Martina Hingis ou Maria Sharapova. Elle a 24 ans.
Jannik Sinner va les avoir dans un an les 24 ans. Les 6 titres en Majeurs, c’est dans pas longtemps également. Parce que triompher de l’ancien maître des lieux en demies (Djokovic 7 titres) et le nouveau en finale (Alcaraz 2 titres), ça ne veut rien dire d’autre. Jannik Sinner a failli perdre en 8èmes contre Dimitrov, a failli perdre un coude en même temps, puis n’a plus failli du tout ensuite. C’est le plus fort.
Voir Swiatek et Sinner se relever aussi vite, dès Wimbledon après des échecs assez terribles à Roland Garros a quelque chose de plus que respectable. Les voir se relever aussi vite également d’une très très longue suspension sur fond de dopage l’est peut être un peu moins (ceci est du sarcasme). Mais impressionnant, ça oui. Et ils n’ont, tous deux, sans doute pas fini de l’être. A Wimbledon ET ailleurs désormais.
On préfère te voir comme ça Amanda ©GettyImages
Vous avez 57 minutes. Ou 3h28. Ou demandez à Amanda Anisimova. Mais pas tout de suite tout de suite, elle pourrait vous rentrer dans le lard. La jeune américaine risque d’être sur les nerfs pour quelques jours, semaines ou mois encore.
Prendre 6/0 6/0 en finale de Grand Chelem tout en intégrant le top 10 est anormal, pas croyable, pas souhaitable, et un poil dévastateur. Pour l’égo de championne d’Anisimova, pour tout le monde en fait.
Amanda Anisimova doit avoir envie de se dire et répéter qu’il ne pouvait rien lui arriver de pire sur le terrain ce samedi 12 Juillet que de prendre la taule qu’elle a effectivement pris. Elle avait sans doute, depuis sa demie victorieuse, imaginé une multitude de scenarii quant à l’issue de sa première finale de Grand Chelem, dans le temple du tennis qui plus est. Mais celui-là ? Impossible. Mais vrai. Elle a marqué 24 points. Pile ce qu’il faut pour gagner un set en s’y prenant bien après tout. Bref, on s’éparpille. Comme contre Swiatek, éparpillée.
Mais alors, que choisir en supposant que vous avez le choix ? Ce qu’Amanda a pris, ou lutter plus de 3h en ayant eu 4 balles de titre vendangées parce que votre bras a tremblé ? La question se pose.
Ce qui est bien avec la première option, c’est que votre adversaire n’aura pas eu le temps de rentrer dans votre tête, comme Alcaraz dans celle de Sinner à Roland Garros. Oups, ça ne marche pas. Continuons néanmoins. En rentrant en bicyclette, à l’heure de faire le bilan, vous n’aurez qu’une chose à vous dire. Si j’avais à recommencer, je ferais tout l’inverse. Qu’en plus j’aurais l’expérience. Alors autant retourner au combat parce que ça ne pourra pas être pire. C’était juste un mauvais jour. Et puis merde, l’égo quoi, l’orgueil !
Alors que, en touchant du doigt le trophée et la gloire, 1000 questions sont à se poser. La confiance sur les 4 balles de match ? Pffuuuuit, envolée, et bon courage pour la retrouver celle là. Tout le monde ne s’appelle pas Jannik. Ca peut en mettre du temps, il y en a eu des carrières de brisées comme cela. Et le train ne repasse pas toujours deux fois. Perdre alors qu’on allait gagner, ça fait mal au cœur, à la tête et le doute prend le pas sur tous les autres matchs joués précédemment.
Alors non, Amanda, c’était mieux ainsi. Et puis, en plus, toucher le fond, tu sais ce que c’est pour l’avoir vécu, avec (puis sans ton papa), et c’est pire que prendre 6/0 6/0 en finale de Wimbledon.
Le gazon : 2/10
“C’est plus lent que la terre battue. Ce n’est même pas de l’herbe.” Petra Kvitova, Denis Shapovalov et d’autres.
Wimbledon n’est plus une surface rapide. Ou de moins en moins et chaque année c’est de pire en pire. A l’heure de l’uniformisation des surfaces, les voix montent et s’insurgent. Où se cache ce jeu si champagne propre au gazon, où les aces, services volées, retours volées, chip et amorties sont légion ? Et gagnants ? S’il vous plaît, les jardiniers et fabricants de balles, rendez-nous Wimbledon, ce n’est qu’un mois chaque année…
Fabio Fognini : 10/10
L’italien de 37 ans au jeu de jambes le plus aiguisé du circuit a choisi de tirer sa révérence après un incroyable combat dont on ne le pensait plus capable contre Alcaraz au 1er tour. Il voulait initialement pousser encore un peu. Mais ça faisait une trop belle porte de sortie.
Le contingent français. 5/10
On a vibré pendant 5 jours comme rarement. Puis on n’a plus eu l’occasion comme souvent. Des 1er et 2èmes tours de feu puis plus rien. De très grosses victoires avant de rentrer dans le rang. A notre place et c’est pas tout devant.
Novak Djokovic : 8/10
C’est à dire que pour avoir 10/10 il aurait fallu deux points de plus. Deux points qui s’appellent Carlos Alcaraz et Jannik Sinner. Les nouveaux boss de fin. Papi Nole reste au dessus de tout le reste à Wim.
Les têtes de série : 8/10
Juste parce qu’on a apprécié les voir sauter les unes après les autres lors des deux premiers tours. C’était rafraîchissant de voir des surprises et des nouvelles têtes pas têtes de série.
Le chip de coup droit et le slice d’attaque : 9/10
Laura Siegemund, Belinda Bencic, Grigor Dimitrov, merci d’avoir essayé de les remettre au goût du jour de cette manière. Même en ayant l’impression de jouer sur de la terre battue.
Cameron Norrie : 2/10
Juste parce qu’on a pas envie d’être aimable avec lui. Mais bravo pour ces quarts. Sinon c’était Jarry.
Son jeu emmerde ses adversaires. C’est Laura Siegemund qui le dit ©P.Lahalle/L’équipe
Ses derniers coups de pinceaux étaient prévus pour cette année mais l’un des trublions du circuit ne savait pas lui même quand est ce qu’il allait les ranger pour de bon. Du Fabio dans le texte. Et puis le 1er tour de Wimbledon est arrivé. Contre l’idole de son petit garçon. Le n°2 mondial. Carlos Alcaraz. Sur le plus grand court de Wim et peut être le plus prestigieux de la terre. Enfin du gazon. Bon de la terre du coup.
Encore fallait-il avoir de l’inspiration pour notre fantasque et un peu grognon italien. Une dernière esquisse, une dernière aquarelle, ok, mais rendre une croûte serait encore du plus mauvais effet.
Fabio Fognini mettait difficilement un pied devant l’autre ces derniers mois. Logique, son jeu de jambes a toujours été inexistant, alors à 37 ans… Alors ces derniers mois, pour gagner des matchs, il préférait rendre chèvre ses adversaires. Ou essayait. Parce que même Coco Moutet n’a pas réagi à ses provocations la semaine précédente. Son “petit cochon” en français dans le texte est tombé dans l’oreille pourtant presque absolue d’un sourd.
Et puis la magie a opéré durant 4 sets. Alcaraz, en mode artiste, a trouvé à qui parler. Et sans s’insulter. Plutôt avec du respect, beaucoup de respect. Ca change et c’est bien aussi. Le 5ème set dessiné à la va-vite par Alcaraz a permis de clore la série de toiles italienne, à ranger au placard mais qui a de la valeur. Une valeur subjective selon qu’on a aimé ou non Fabio Fognini. Le tennisman qui jouait en marchant s’en va avec une gouaille qu’on qualifiera d’italienne, une 9ème place mondiale, le M1000 de Monte Carlo en ayant battu Nadal en demies (sa plus belle œuvre) et 8 autres titres. Il restera aussi comme l’homme qui a gagné 3 fois contre Rafa Nadal sur terre battue et qu’il aura fait dérailler comme personne ou presque (allez, Robin Soderling).
Alors ciao piccolo maiale et grazie. Même si n’oublie pas Roland 2010.
Dernier coup d’éclat ©Psnewz