Terre battue, rouge sang

Chaque semaine, un résumé à la volée de l'actu tennis

Service à la Cuillère
7 min ⋅ 08/04/2025

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Sommaire

  • Qui a gagné, qui a perdu ? : un 507ème gagne un 250 donc fait +335. Les comptes (bancaires) sont bons

  • Monte Carlo 2025 : qui va gagner, et donc qui va perdre ? Demandez l’programme

  • Pendant ce temps sur les challengers… : des gambas et du pop-corn qui finit par éclater

  • Ça s’est passé il y a 20 ans… : Monte Carlo 2005, “Nadal-Gasquet, qui sera le plus fort ?”

  • Qui suis-je ? : une comète, une explosion puis un trou noir

Lui c’est Flavio Cobolli et il a soif semble-t-il ©GettyImages

Ce qu’il s’est passé et que vous avez raté. Ou voulu rater

WTA 500 Charleston - Etats-Unis : ça va mieux pour Pegula sans Sabalenka
Quand le gros matou n’est pas là, c’est Jessica qui danse. Sur terre battue américaine, une espèce de poudre verte inconnue, la n°4 mondiale en début de semaine a gratté le tournoi et une place qui la met sur le podium. Jessica Pegula a bien bataillé contre Alexandrova en demies, un peu moins mais quand même en finale contre Sofia Kenin, ex… n°4 mondiale 6/3 7/5. Pour Kenin (finaliste à Roland Garros on vous rappelle), elle a bénéficié de l’abandon d’Anisimova. Mais elle a surtout sorti Bencic et Kasatkina sur sa route.

WTA Bogota - Colombie : Osorio à domicile en altitude, y a rien qui change
Camila Osorio (Colombie) a trois titres WTA. Bogota 2021, Bogota 2024, Bogota 2025. Imbattable ou presque lorsqu’elle joue en Colombie, Osorio profite de son talent, de son niveau de jeu, de jouer à domicile et peut être, peut être un peu, de l’altitude de la capitale colombienne. Parce que jouer perché à 2640m d’altitude, ça s’apprend sur des années. Au pays du café, la polonaise Kawa a loupé la dernière gorgée 6/3 6/3. C’est dommage parce que des jeux de mots partaient dans tous les sens autrement.

ATP 250 Houston - Etats-Unis : Jenson Brooksy, l’inclassable mal classé
On vous a dit il y a 15 jours qu’il était de retour. Jenson Brooksby ne nous fait pas mentir. 507ème en arrivant à Houston, il a littéralement décollé à Houston pour ne plus toucher terre jusque la balle de match finale contre Frances Tiafoe 6/4 6/2. Mené une bonne partie de la semaine, et notamment contre Tommy Paul en demies 7/6 3/6 7/6, Brooskby gagne 335 places en une semaine et se retrouve 172ème cette semaine. C’est beau. On va la faire court sur le court texan, il n’y avait que des états-uniens en… quarts de finale. On en pense ce qu’on veut.

ATP 250 Bucarest - Roumanie : Flavio Cobolli, c’est tout ou rien
L’italien Cobolli était à un piteux 0/7 depuis le début de l’année sur le circuit ATP. Et puis il a affronté Richard Gasquet au 2ème tour de Bucarest. Et puis Misolic, Dzhumur et Baez en finale 6/4 6/4. Ça n’efface pas son début de saison pourri, mais s’il gagne à chaque fois un tournoi pour arrêter une mauvaise série, il ne dira pas non.

ATP 250 Marrakech - Maroc : Luciano Darderi, c’est presque tout ou rien aussi
Flavio Cobolli est italien, est né en mai 2002, a pour meilleur classement une 30ème place mondiale et vient de gagner son 1er titre. Luciano Darderi est italien, est né en février 2002, a pour meilleur classement une 32ème place et vient de gagner son deuxième titre à Marrakech en traînant six piteuses éliminations au 1er tour depuis 2025 et seulement une victoire dans les règles de l’art. Et puis il a affronté Boyer, Gaston, Kopriva, Carballes Baena et Griekspoor. Ça n’efface pas son début de saison pourri, mais s’il gagne à chaque fois un tournoi pour arrêter une mauvaise série, il ne dira pas non.

Et lui c’est Luciano Darderi ©FotoInstagram

ATP Master 1000 Monte Carlo - Monaco : Un plateau princier en l‘absence du roi

Ce qu’il s’est passé en 2024 :
On pensait Casper Ruud enfin lancé après avoir débloqué son compteur contre Djokovic en demi-finales. Sauf que c’est bien Stefanos Tsitsipas, décidemment à l’aise sur le Rocher (3 titres), qui a triomphé après avoir déjà sorti Jannik Sinner au tour précédent. Presque le début de la fin pour le Grec.
Carlos Alcaraz était absent, tout comme Yannick Hanfmann.

Ce qu’il va se passer en 2025 sans avoir vu le tableau :
Carlos Alcaraz est le n°1 officieux sur terre battue. Charge à lui de se remettre la tête à l’endroit dans un tournoi qui a tout pour lui réussir. Mais qui ne lui a jamais souri. Son meilleur résultat ? Un 2ème tour en 2022 pour sa seule participation. Y a une anomalie à réparer là.
En parlant de tête à l’envers à l’endroit, on ne dira pas mieux d’Alex Zverev, sans doute n°2 sur terre officieux mais aussi n°2 officiel. Avec deux demies à Monte Carlo en 2018 et 2022, les signaux ne sont pas complètement au vert.
On se demande carrément s’il y a vraiment un favori cette année… Dans le top 10, entre ceux qui savent plus où mettre leurs pieds (Zverev, Alcaraz, Ruud, Tsitsipas, Rublev), ceux qui n’aiment pas les glissades (Fritz, Draper, de Minaur), et celui qui se prépare dans l’ombre (Djokovic), on n’en est pas sûr. Donc on a envie de croire en Rune, Fils et Cerundolo. Donc Arthur Fils vainqueur. Quoi ?

Ce qu’il va se passer en 2025 en ayant vu le tableau* :
Arthur Fils, après avoir battu Gaël Monfils qui aura battu Andrey Rublev, va battre Francisco Cerundolo qui a battu Carlos Alcaraz. Sauf qu’en demies, il va tomber sur un Casper Ruud revigoré et chanceux d’être dans le quart d’un éléphant sur une patinoire couleur ocre en la personne de Jack Draper. Vous suivez ?

Dans le haut du tableau, on attend le quart de finale Zverev-Tsitsipas. L’allemand va profiter d’un grec exténué de sa victoire homérique la veille sur Holger Rune en 3h24. Zverev va en outre profiter d’un Alex Muller complètement carbonisé en demies. Oui oui, Alex Muller en demies après son parcours absolument hallucinant. Une victoire contre Ugo Carabelli au 1er tour, suivie de Medvedev, de Minaur et Djokovic. Bim badaboum et si vous n’êtes pas contents c’est pareil.

On est sur une finale Zverev-Ruud et un premier titre en M1000 pour le norvégien. Parce que oui, Casper Ruud n’a toujours pas gagné de M1000 et il est temps que cela cesse.

*Il est évident que faire des pronostics de la sorte alors que les matchs sont sur le point de commencer induit des risques de plantage (déjà très élevés de base) dans les grandes largeurs. Un peu d’indulgence.

Vous allez voir ce que vous allez voir ©ValeriaWitters

Pendant ce temps sur les challengers…

Parce que le tennis, c’est pas que strass et paillettes, on vous emmène dans la ligue 2 du circuit, là où les courts ont des bosses, les grillages des trous et les balles sont parfois un peu volantes.

Challenger 100 de Minorque - Espagne : Vilius Gaubas n’est plus une crevette
Vilius Gaubas a presque le nom de la capitale de son pays, c’est drôle. Peut être que l’état civil s’est planté il y a 20 ans quand il né. Le lituanien s’est en tout cas fait un nom ce WE en gagnant son premier challenger sous le soleil (on espère qu’il a pensé à mettre de la crème solaire, la peau d’un lituanien est d’ordinaire fragile). Il a gagné contre un espagnol au drôle de nom, Pol Martin Tiffon, qui s’est essoufflé.

Challenger 75 de Campinas - Brésil : Qui vivra Barrios Vera
Le chilien Barrios Vera a démarré piano ses deux premiers matchs avant de montrer à tout le monde pourquoi il était tête de série n°1 du tournoi. Les quarts, demies et finale seront plus faciles avec pour dernier match un 6/3 6/4 sur l’équatorien Alvaro Guillen Meza.

Challenger 75 de Morelos - Mexique : Le popko-rn a fini par exploser
Marc-Andrea Huesler ou Hüsler a fini par manger Dmitry Popko, vainqueur de Morelia la semaine dernière mais pas Morelos cette semaine. Valeur sûre du circuit challenger, le suisse Huesler ou Hüsler gagne son 6ème titre, ce qui est vraiment pas mal quand on y pense.

Challenger 75 de Barletta - Italie : victoire de Srvcina, c’est mieux à écrire qu’à dire
Le tchèque de 22 ans Dalibor Srvcina n’est pas loin d’avoir la main chaude. Il a bousculé Darderi à Naples la semaine dernière en demies et s’est dit qu’il allait garder ce niveau. Ce qui lui offre le titre à Barletta contre l’ukrainien Vitaliy Sachko, qui mérite aussi les félicitations en tant que qualifié.

Monte Carlo 2005 : Nadal-Gasquet, la question se posait plus que jamais

C’était il y a 20 ans, tous deux allaient sur leurs 19 ans. C’étaient les demi-finales de Monte Carlo et tous deux s’affrontent pour la deuxième fois chez les pros. La première compte à peine, à Estoril 2004.
Qui est le plus fort, qui va être le plus fort ?
Rafael Nadal, déjà 11ème mondial, 3 titres et une finale à Miami ?
Ou Richard Gasquet, une première victoire à 15 ans en 2002 sur le Rocher, 101ème mondial mais sorti des qualifs et vainqueur de Roger Federer en quarts ?

Petit point parcours d’abord.
Rafael Nadal colle des trempes à tout le monde. Il ne laisse que 5 jeux à un autre petit français dont on en entendra parler, Gaël Monfils. Puis 3 jeux à Malisse, Rochus et surtout Gaston Gaudio, pourtant vainqueur de Roland Garros l’année précédente. C’est déjà épouvantable.
Richard Gasquet lui est sorti beaucoup trop facilement des qualifications pour coller ensuite 2 sets secs à de purs terriens, Garcia-Lopez et Mantilla. Nikolay Davydenko opposera beaucoup plus de résistance et c’est normal, avant que Roger Federer ne se procure 3 balles de match, en vain, 6/7 6/2 7/6. Le Mozart du tennis est bien né se dit-on.

Et voilà que Richie se retrouve à mener Rafa 7/6 2/1 break qui ne demande plus qu’à être confirmé. Un revers un peu tendre, et Nadal qui reprend le dessus pour les 18 prochaines années et leur 17 prochains matchs 6/7 6/4 6/3. Gasquet dira ensuite et toujours que s’il y en avait un qu’il pouvait gagner, c’était celui là. Bon, il aurait paumé contre Guillermo Coria en finale de ce Monte Carlo hein, vous enflammez pas.

Mais à l’époque, on en était sûr. Nadal-Gasquet, Gasquet-Nadal, ça va être fantastique pour les 15 prochains années vu le talent et la précocité des deux oiseaux. On la connaît l’histoire, Nadal va tout gagner, Gasquet un peu moins. C’est plié. Dès Roland Garros de cette même année où il se retrouvent, ironie du sort, au 1er tour. 6/4 6/3 6/2.

La question était facile à répondre après coup. Mais nous n’aurons pas été interdit de rêver à l’époque et ça, ça n’a pas de prix.

C’est bizarre, pratiquement aucune photo de Nadal Gasquet à Monte Carlo 2005

Qui suis-je ?

Vous n’avez jamais vu une étoile filante et vous en avez marre de seulement imaginer ce que ça fait d’en voir une ? Allez donc lire la page wikipédia de ce rouquin de 30 ans né à Johannesbourg mais pas sud-af quand il s’agit de représenter son pays.
Un rouquin qu’on n’attendait pas à pareille fête à une époque, et qu’on n’attend pas davantage désormais.
En même temps il n’a plus joué depuis novembre 2024, alors qu’il était 350ème mondial. Pour vous dire, en Juin 2024 il prenait 1/6 2/6 contre un Joao Fonseca alors 230ème mondial.

Mais ce monsieur n’a pas connu que les tréfonds du classement. Il fut un temps, fin des années 2010, où il semblait être la relève d’un multiple vainqueur de Grand Chelem sur le déclin. Foutue hanche. Un espoir pour tout un pays. Ce monsieur a connu les fastes du top 15, les émotions d’une demie de Grand Chelem, ce que ça fait de battre Novak Djokovic, et le bonheur de triompher à Indian Wells. Ouais, triompher à Indian Wells pour que personne ne s’en rappelle 6 ans plus tard. Et là, la panique s’empare de vous ? Ok, c’est parce que c’était le challenger d’Indian Wells. Mais le reste est vrai. On ajoutera qu’il a deux 250 à son actif, Anvers et Long Island.

Puis 2020 rime avec dégringolade. Il perd 3 matchs contre son genou entre 2020 et 2022, puis d’autres contre son poignet. Ses tentatives de retour ne se soldent pour le moment que par des échecs. Tout bien réfléchi K.E., avoir été une étoile filante, c’est déjà très bien.

Service à la Cuillère

Par Service à la Cuillère

Service à la Cuillère, c’est l’aventure d’un passionné de tennis pas (du tout) assez talentueux pour faire carrière mais qui a toujours caressé l’espoir de remplacer un jour ce bon vieux Chamoulaud sur France TV pendant deux semaines fin Mai - début Juin si vous voyez ce que je veux dire.

Sans prétention mais pas sans espoir, je souhaite simplement transmettre la passion qui m’anime, raconter des histoires, rigoler et être un peu acerbe aussi, parce que c’est drôle d’être acerbe.
Dépoussiérer le tennis, c’est pas une mauvaise idée non ? Et puis, “mieux vaut les voir faire ça qu’ils traînent dans la rue à faire des conneries” que se disent nos vieux. Je déconne, j’ai plus de 30 balais et je suis bien occupé la journée.

Allez, les joueurs sont prêts, jouez !