Retour sur un match qui a changé le cours d'un tournoi, de carrières, de l'histoire.
Le M1000 de Madrid a démarré depuis beaucoup trop longtemps et va encore durer beaucoup trop longtemps.
En plus, Madrid est dans le noir, c’est vraiment pas de chance.
Et sinon Stan Wawrinka vient d’avoir 40 ans. Et joue toujours.
Alors on va vous parler de Stan Wawrinka. On préfère.
En gros, y a pas de sommaire. Mais un “Et si… ?”.
Et si ce loser de Stanislas Wawrinka avait encore paumé contre Novak Djokovic en ¼ de finale de l’Open d’Australie 2014 ?
A l’époque Wawrinka c’est l’éternel second. Toujours caché (pas tapi, genre vraiment caché) dans l’ombre de son compatriote, un certain Roger Federer. Ça doit l’énerver le Stan, d’avoir de bons résultats mais “tout le monde s’en fout, il y en a un autre meilleur”. Bien meilleur même sans lui faire offense.
Wawrinka attaque, Wawrinka a tendance à jouer près des lignes. Et du mauvais côté des lignes quand ça compte. La base est solide, pas de souci, mais les Ferrer, Berdych ou Tsonga semblent au dessus. Alors Federer, Nadal, Djokovic, Murray, mieux vaut ne pas en parler.
En janvier 2014, Stan c’est un joueur de coups, de revers à une main fantastique qui enchaîne les… revers contre le “Big Three”.
Federer ? 1 victoire pour 13 défaites
Djokovic ? 2 victoires pour 15 défaites dont 14 de rang
Nadal ? 0 victoire pour 12 défaites.
Open d’Australie 2013 - 8èmes de finale. Wawrinka se bastonne avec Novak Djokovic et émerveille tout le monde. Il mène 6/1 5-3. Les 3h, 4h, puis 5h de jeu sont franchies. 12/10 Djokovic dans le 5ème set. Celle-là est dure, très dure. Il ne le sait pas encore, on ne le sait pas encore, mais cette défaite est l’acte fondateur, la naissance de Stanimal ou Stan the Man.
Open d’Australie 2014 - Quarts de finale. Wawrinka se bastonne avec Novak Djokovic et émerveille tout le monde. Il est mené 6/2. Les 4h de jeu arrivent lorsque le serbe craque salement au filet. 9/7 Wawrinka dans le 5ème set. Celle-là est belle, très belle. Il ne le sait pas encore, on ne le sait pas encore, mais Stan gagnera le tournoi quelques jours plus tard. Et deux autres titres du Grand Chelem encore un peu plus tard.
Le suisse de presque 29 ans à l’époque prend conscience qu’il peut faire jeu égal avec les gros. Alors c’est bien d’en prendre conscience, c’est encore mieux de l’appliquer derrière. Et Stanimal fait ce que les Ferrer, Berdych ou Tsonga ne réussiront jamais à faire. Plutôt trois fois qu’une. Finalement c’est lui qui est au dessus.
Et si Wawrinka avait encore paumé en quarts de cet Open d’Australie ?
Comme en Australie 2013, comme à l’US Open 2013, contre Djokovic toujours en 5 sets. L’histoire aurait été toute autre. Pour les deux joueurs.
Stan the Man ne serait pas Stan the Man mais Stanislas. Ça en jette moins. Il n’aurait pas 3 titres du Grand Chelem comme Andy Murray. On ne peut pas l’affirmer mais la cote est à 3 contre 1. Ou 3 contre 0.
Djokovic aurait gagné cet Open d’Australie 2014. On ne peut pas non plus l’affirmer mais la cote est à 1,02. Jamais le serbe ne perd contre Berdych en demies. C’est factuel. Jamais le serbe ne perd en finale contre Nadal… Attendez, finissons cette phrase avant d’éventuellement grogner. Jamais le serbe ne perd contre CE Nadal qui est une bête blessée, dangereuse mais trop affaiblie. Wawrinka gagne cet Open d’Australie 2014 en quarts, pas en finale.
L’histoire continue et ne va pas vous plaire si vous supportez Novak. Sauf que si vous supportez Novak, vous connaissez l’histoire et savez déjà qu’elle ne vous plaît pas. Vous suivez ? Non ? Pas grave.
Roland Garros 2015 - Finale. Stan Wawrinka et son short pyjama dégueu affrontent Novak Djokovic. Quand Nadal n’est pas là les souris dansent. Bon là en l’occurrence c’est le rat serbe qui s’est occupé du lion de Manacor en quarts 7/5 6/3 6/1. Le suisse ne prête pas son short à Djokovic mais lui dit d’aller se coucher 4/6 6/4 6/3 6/4. Comme un grand. Comme deux Grands Chelems. Parce que Stan n’a plus peur depuis l’année dernière.
US Open 2016 - Finale. Stan Wawrinka est en croisade. “En 2013 tu m’as éliminé ici aussi en 5 sets ? Attends un peu voir…” Wawrinka file cette fois une couverture à Djokovic et en tire une troisième à lui 6/7 6/4 7/5 6/3. Non seulement il n’a plus peur, mais il fait très peur.
A l’heure du bilan, on a donc : 3 titres du Grand Chelem pour Stan le Magnifique, à chaque fois en terrassant le joueur le plus titré de l’histoire du jeu le plus grand joueur de l’histoire de ce jeu.
S’il n’y avait pas eu Wawrinka, vous pouvez rajouter ces 3 titres dans l’escarcelle du bonhomme serbe. Ça ne l’aurait pas davantage rassasié bien sûr. Novak Djokovic n’aurait sans doute pas perdu par la suite les titres qu’il a gagné. Le serbe n’est pas partageur, c’est l’histoire qui le dit. Oui Djokovic serait peut être, supposément, probablement, sans aucun doute à 27 Majeurs contre 24 aujourd’hui. C’est effrayant.
Tout ça à cause d’un match, d’un quart de finale contre le numéro 2 suisse, caché dans l’ombre du premier. Non, pas caché. Tapi et prêt à se découvrir. Mais ça, personne ne le savait. Pas même le principal intéressé.