Service à la Cuillère

Chaque semaine, un résumé à la volée de l'actu tennis en format court, décapant avec une touche d'humour. Les secrets de la petite balle jaune n'en seront plus pour vous au fil des semaines.

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Par Alex Chang
21 nov. · 2 mn à lire
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Adios Rafa

Rafael Nadal, fin de rêve-érence

Rafael Nadal, fin de rêve-érence

Seul mais bien accompagné ©P.Lahalle

Malaga - 20 Novembre 2024 - 00h02
Koolhof/Van de Zandschulp bat Granollers/Alcaraz 7/6 7/6

Debout sur le banc espagnol, le regard dans le vide, Rafael Nadal sait. La balle de match qu’il vient de vivre et indirectement perdre était sa deuxième de la journée et la dernière de sa carrière. Alors qu’il n’a joué qu’un match. Plus tôt dans l’après midi, il en a déjà perdu une première et a par conséquent participé à légèrement avancer l’heure de ses adieux. Il aurait aimé les programmer à dimanche et victorieusement. Lui, nous, presque tout le monde. Disons que ça n’aurait dérangé personne.
Mais le Rafael Nadal de ce 19 Novembre 2024 n’a plus grand chose à voir avec le Rafael Nadal qu’il nous a été donné de voir presque 20 années durant.

Retour 6h en arrière.
Le taureau de Manacor est aligné en simple et en ouverture du Final 8 de la Coupe Davis par son capitaine et ami David Ferrer. Face à lui les Pays-Bas de Botic Van de Zandschulp, 80ème mondial. Il y avait plus pratique à prononcer comme potentiel dernier adversaire mais tant pis.
Où en est Nadal physiquement et mentalement ?
Mentalement cela ne fait pas trop de doute, on connaît la bête et ce même si les yeux étaient embués lors de l’hymne espagnol 15min plus tôt.
Physiquement en revanche on est assez vite fixé. Les déplacements du Majorquin ne sont pas ceux du joueur qui a gagné 22 titres du Grand Chelem. Ce sont ceux d’un joueur dont le corps de 38 ans est usé par la répétition d’efforts insensés et impensables pour qui ne s’appelle pas Rafa Nadal. Il n’y a et n’y aura qu’un Rafa Nadal. Alors il s’accroche comme un beau diable, envoie quelques ogives dont lui seul a le secret, mais réagit moins vite, se déplace moins vite, et frappe moins souvent plus fort. Ou plus souvent moins fort.
6/4 6/4 score final pour VdZ, avant le second simple, propriété de son successeur désigné, Carlos Alcaraz. Puis le double décisif qui enverra à la retraite Rafael Nadal ou Wesley Koolhof, néerlandais sur le terrain en tant que spécialiste de la discipline. On connaît la préférence de qui n’est pas batave. Et même peut être de certains bataves… Mais ceux là ne le montrent pas.

Voilà, c’est la fin de quelque chose d’immense et le début d’autre chose pour la légende du tennis, qui n’a pas peur de la suite comme il semble n’avoir jamais eu peur de rien ni personne.
Rafael Nadal aura attendu 20 ans avant de connaître une deuxième défaite en simple de Coupe Davis. Son premier match et son dernier, en indoor à chaque fois. Entre, des victoires, seulement des victoires, toujours des victoires. 24 exactement. Souvent, il a expédié ses adversaires. Demandez à Roddick, Tsonga ou Gasquet à Séville, Berdych… Au total il aura soulevé 4 fois la Coupe Davis. Il en a gagné 5 si l’on veut embellir son palmarès (est-ce raisonnable ?) même s’il n’a pas participé à la finale de 2008.

Rafael Nadal veut qu’on se souvienne de Rafael Nadal comme de quelqu’un de bon, de sympa, de respectueux avant même d’être un exemple ou un monstre statistique. Parfois les hommes mentent mais pas les chiffres. Nadal ne ment pas sur les chiffres. Jugez plutôt, puisqu’il faut le faire à un moment ou un autre.
92 titres et 39 finales
22 titres du Grand Chelem dont 14 Roland Garros.
2 médailles d’or aux JO, 1 en simple et une en double
36 Masters 1000
5 Coupe Davis
Numéro 1 mondial durant 209 semaines dont 5 années terminées à la 1ère place
912 semaines consécutives passées dans le top 10, soit 17 ans, record absolu.
17 qualifications au Masters de fin d’année mais seulement 11 participations et 2 finales.
8 finales en Majeur avec 4 défaites à l’Open d’Australie, 3 à Wimbledon et 1 à l’US Open.

A Roland Garros :
19 participations pour 112 victoires en 116 matchs. On vous laisse faire le ratio mais c’est beaucoup.
90 victoires sans perdre un set.
39 victoires consécutives.
Aucune finale en 5 sets.

L’essentiel est dit mais les chiffres n’intéressent pas Rafa. Ne lui parlez pas d’héritage, de modèle, d’exemple, de succession ou de ce genre de mots. Ne lui parlez pas de chiffres, il est et restera gêné toute sa vie à ce propos. Parlez lui de tennis, de respect, de loyauté, d’engagement, de vaillance, de force, de résilience… et de toucher. Ne lui parlez pas de défaites, il n’aime pas ça et ne les accepte pas. Toujours pas. Jamais. C’est propre à ceux qui n’y goûtent que très peu. Et Rafael Nadal est de ceux là. Depuis longtemps et définitivement.

2005. Si on avait su que treize autres allaient suivre… Treize.