Chaque semaine, un résumé à la volée de l'actu tennis
ATP/WTA Master 1000 Miami : un avènement dans la routine, c’était beau
La décla de la semaine : changement de nationalité pour Daria Kasatkina
Pendant ce temps sur les challengers : Emilio Nava ne peut pas être américain…
La terre battue : enjeux et vérités
Le marché de l’emploi : trêve hivernale terminée, les avis d’expulsion sont de retour
La PTPA emmène tout le monde en justice : coup de bluff ou d’épée dans l’eau ?
Mensik a tué le Fils et le père ©RebeccaBlackwell/AP
C’est un avènement plus qu’un évènement. #FirstofMany sont les premiers mots qu’il a écrit, face caméra, avant même de les dire. Jakub Mensik sait ce qu’il veut, il en veut beaucoup et pas sûr qu’il y en existe 20 pour l’arrêter ces 10 prochaines années. Pour appuyer ses propos, il a gagné Miami, 7/6 7/6 contre Novak Djokovic. Peu de mots sont nécessaires après avoir dit ça.
Le jeune tchèque de 19 ans a fait oublier les 9 semaines qu’aura duré le mois de Mars. Oubliés Indian Wells et Draper, oubliées la sortie de route d’Alcaraz et la suspension de Sinner. Oubliée aussi la percée de Joao Fonseca qu’on a mis tout en haut tout seul pour les 15 prochaines années parce qu’il a gagné 2 matchs à Miami.
L’avenir appartient aussi à Jakub, son service, son revers, sa puissance, et même son petit petit coup de patte. C’est aller trop vite que de dire cela ? C’est court-termiste ? Oui mais on aime bien et sauf catastrophe, Jakub Mensik fait partie de l’équation pour les demi-finales de quelques paires de Grand Chelem à venir.
Avant de délivrer sa master class en finale alors que Djokovic chassait son 100ème titre, Mensik a écarté Draper, Fils en quarts et Fritz en demies. Il a gagné les 7 tie breaks qu’il a joué cette semaine (coucou Quentin) et a fait montre d’un mental assez exceptionnel.
Quant à Djokovic, qui a servi comme Isner à la grande époque, il n’a eu qu’à cueillir un Musetti qu’il a décidément dans sa poche, un bon Korda mais trop limité et un Dimitrov avec une autonomie de 2min. Le 100ème attendra, mais faudrait pas le faire attendre trop longtemps Novak.
Aryna Sabalenka a gagné le M1000 de Miami face à Jessica Pegula 7/5 6/2. Une Jessica Pegula qui doit en avoir ras le bol de la biélorusse, ça fait 3 finales consécutives perdues. Et on parle tout de même de Cincinnati, Miami et l’US Open.
Rien de surprenant donc pour Aryna, c’est la n°1 et la véritable patronne du circuit. Pour le moment, parce que la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain blablabla… Surtout quand on voit qui pourrait pousser (ou pousse déjà) derrière.
Alors non, on ne parle pas d’Alexandra Eala pour concurrencer Sabalenka dès maintenant (le fera-t-elle un jour ?) mais la jeune philippine est l’incroyable histoire de ce WTA Miami. Alex Eala, 140ème à 19 ans, invitée par le tournoi, a fait honneur à ce cadeau. Pensez-vous, elle bat 3 vainqueures de Grand Chelem d’affilée. Parce que oui, Ostapenko ça compte. Ostapenko donc, Maddy Keys ensuite 6/4 6/2 et, s’il vous plaît, Iga Swiatek en quarts 6/2 7/5. Elle finira par buter sans démériter sur Pegula 6/7 7/5 3/6.
Elle gagne 75 places d’un coup et plusieurs dizaines de millions de philippin.es à la suivre. Le plus dur commence désormais pour Eala, qui devra se remettre de ses émotions et dans le bain. Son jeu n’est pas fini, la puissance n’est pas encore au rendez-vous alors qu’on la compare déjà à la finaliste de l’US Open 2021, Leylah Fernandez. Leylah Fernandez qui est d’origine ? Allez, si vous ne le savez pas, vous allez le deviner…
On est toujours tenté de parler d’Emma Raducanu quand on évoque Fernandez et 2021. L’anglaise a mis la tête à la fenêtre avec un joli quart de finale qui augure de meilleurs jours. Jasmine Paolini retrouve également le sourire avec une demie, après des résultats un peu décevants récemment.
Le coup de chaud n’a pourtant pas été pour Eala mais pour ses adversaires ©GettyImages
Avec tout ce qui se passe dans mon pays d'origine, je n'avais pas vraiment le choix. En tant que gay assumée, si je veux être moi-même, il faut que je fasse ce pas. Et je l'ai fait
Daria Kasatkina ne représentera désormais plus la Russie mais bien l’Australie. Toujours des plus loquaces sur des sujets importants, elle vise souvent juste derrière un écran, un micro et sur un court. Daria Kasatkina, c’est tout de même une valeur sûre du top 15 depuis des années. Elle devient, et pas qu’un peu, le fer de lance de son nouveau pays puisque Kimberly Birrell est 62ème.
Et sinon Mirra Andreeva, nous en France on veut bien t’accueillir aussi.
Il faut se dire qu’il y a des challengers toutes les semaines. Comme ça plus de “ah tiens, ça jouait à Concepción de Chile cette semaine”. A Morelia, Girona et Naples aussi.
Challenger 125 de Morelia - Mexique : Dmitri a sorti le Popko-rn
Mais que lui est-il arrivé ? Le kazakh Popko, 245ème avant le tournoi a sorti la semaine de sa carrière en battant que des mieux classés que lui dont trois français (Atmane, Mannarino et Grenier en demies).
Challenger 125 de Naples - Italie : Kopriva, à toute Vit-esse
Lui commence à être habitué aux fins de semaines victorieuses. Le tchèque Vit Kopriva prive Darderi (n°1) d’un sacre à domicile en finale 3/6 6/3 7/6 comme il en a privé Arnaboldi et Pellegrino juste avant. Un vrai coupeur de tchèque.
Challenger 100 de Girona, - Espagne : Marin de pied ferme
Notre chouchou Elmer Moller était sans défense en finale 6/3 6/4. Il faut dire qu’en face, il avait un joueur qui pèse son poids niveau palmarès en la personne de Marin Cilic. Gageons qu’Elmer saura s’en souvenir la prochaine fois. Et sinon, Marin Cilic est 118ème avec ces 100 points de victoire.
Challenger 75 de Dove Men Care Concepción : Après l’Assomption, la Conception pour Nava
Emilio Nava, l’états-unien qui trahit sa patrie. Inarrêtable depuis 10 matchs, il s’envoie Concepción au Chili après Asunción au Paraguay pour un deuxième challenger d’affilée sur terre. Bon faut dire que le classement moyen des joueurs battus cette semaine était la 400ème place.
Ça c’est Elmer et il s’est peu trompé cette semaine ©léléphantduweb
On y est. La période préférée des joueurs qui glissent, qui rament, qui crient fort et longtemps, qui courent vite et longtemps est arrivée. La période du plus patient, des matchs qui durent vraiment 5h avec des chaussettes lourdes. La meilleure période de l’année en somme.
Pour le plus grand plaisir de Tiafoe, Medvedev, Draper et Shapovalov, l’ocre est la couleur phare des 80 prochains jours. L’occasion de revoir Albert Ramos-Viñolas s’égosiller et foutre des ronds qui passent 2m au dessus du filet. C’est ça qu’on aime, c’est lui qu’on aime.
Alors, que va-t-il être intéressant de scruter jusque la fin de Roland Garros ? Et qui ?
On pense de suite à Jannik Sinner, de nouveau autorisé à gagner à partir du M1000 de Rome, début Mai. S’il a une once d’humanité dans le corps, la remise en route pourrait être un poil difficile à domicile, voire à Hambourg où il est inscrit. On ne se remet pas comme ça d’une suspension et même d’une interdiction de jouer. Mais c’est Sinner, le n°1 mondial incontesté… sur dur. S’il fait pareil sur terre, c’en est fini.
Parce que la terre est (encore) la propriété de Carlos Alcaraz. Pense-t-on. C’est un fait, la surface sied à son jeu et ce n’est pas seulement parce qu’il est espagnol. Seulement, il va être intéressant de voir comment il va se comporter alors qu’il traverse une première grosse zone de turbulences davantage mentales que physiques depuis quelques semaines/mois.
Une zone de turbulences que connaît également Alexander Zverev qui a carrément abandonné son rêve d’être n°1 en même temps que son absence en demies de ses 5 derniers tournois joués. Mais peut être que le changement de surface va tout changer pour lui. Parce qu’il a épuisé son lot d’excuses (non)-valables.
On passera sur les états-uniens et autres anglais (Jack Draper quoi) qui abhorrent la terre battue et qui ne perdent pas de points ou presque d’une année sur l’autre vu qu’ils n’en ont jamais gagné ou très peu l’année précédente. A noter tout de même les finale à Munich et demie à Rome de Taylor Fritz en 2024. Et les deux challengers gagnés consécutivement d’Emilio Nava.
Non, ceux qui vont nous intéresser et qu’on attend au tournant ce sont Tsitsipas, Ruud, Rublev et Rune. Des supposés clients qui sont obligés de refleurir en ce printemps, et vite, au risque de voir leur matricule prendre un 2 voire un 3 comme premier chiffre dans un matricule à 2 chiffres. Le grec remet dès Monte Carlo et Barcelone 1310 points en jeu. Casper Ruud 1150. Et Rublev, qu’on allait oublier et qui s’est oublié lui-même aux Etats-Unis, 1000 avec Madrid.
Le cas Holger Rune est un peu différent. De ce qu’il a montré à Indian Wells déjà (finale), des points à défendre qui sont moindres (350 sur 5 semaines) et parce que Holger va faire du grand Holger. On le sent.
Les grands bénéficiaires pourraient (doivent) être ceux qui suivent immédiatement. Non, pas Tommy Paul on vous a dit. Mais bien Arthur Fils et Lorenzo Musetti. Les deux jeunes pousses sont 15 et 16èmes, à l’aise sur terre et doivent impérativement opérer un rapproché avec le top 10 jusque Roland Garros. Suivent un peu plus loin Fran Cerundolo et Tomas Machac qui pourraient tirer leur épingle du jeu.
Mefiate qu’il claque pas un M1000 sur terre le Joao ©CarlJuste/MiamiHerald
Ils pointent à Pôle Emploi
Sebastien Villette
Le français était tranquille pépère, même pas de négociation de contrat si ça se trouve depuis 5 ans de collaboration avec Arthur Rinderknech. En panne de résultats, l’alsacien et Seb se disent qu’il faut changer quelque chose. Et comme toujours, c’est l’entraîneur qui saute. Pas dans le vide mais chez France Travail. Ce qui revient peu ou prou à la même chose.
Renzo Furlan
Lui ça faisait 10 ans qu’il n’avait pas entendu parler de chômage. Dix ans à façonner Jasmine Paolini et l’emmener à la 4ème place mondiale, en finale de Grand Chelem en simple, vainqueure en double et aux JO. Le premier trimestre 2025 est un peu plus compliqué et l’italienne a besoin d’une nouvelle énergie.
C’est le retour de l’oseille
Marat Safin
L’incroyable le génial le légendaire Marat Safin rejoint l’équipe d’Andrey Rublev pour le conseiller d’un point de vue émotionnel plus que technique. Mais qui est le plus fou des deux en fait ? Qui va calmer l’autre ? Marat Safin, le double vainqueur en Grand Chelem, n°1 mondial est aussi le joueur ayant cassé le plus de raquettes sur le circuit, capable de baisser son short au filet, arriver encore torché sur un court et on pourrait continuer des heures comme cela. Alors imaginer calmer Rublev sur le court, c’est cocasse et alléchant.
Mark Petchey
C’est pas pour tout de suite mais pour Juillet, afin que France Travail ait le temps de traiter le dossier se dit-on. Mark Petchey, aussi commentateur sur tennis channel, reprendra du service à partir de Wimbledon aux côtés d’Emma Raducanu. A moins que l’anglaise ne le vire avant même de commencer ? Parce que c’est loin Juillet pour elle.
Ah que oui on se marre toujours avec Marat ©reddit
Ça a fait l’effet d’une bombe et on a voulu très vite connaître les noms des 250 audacieux et audacieuses qui osent attaquer en justice les instances du tennis et du dopage. C’est pas tous les jours qu’une association de joueurs décide d’emmener au tribunal les employeurs. En même temps ils n’ont qu’à filer plus de thunes aussi, ils en ont les poches ourdies.
Parce que y en a marre !
Il y a deux semaines, l’Association des Joueurs de Tennis Professionnels (PTPA) a donc décidé d’intenter des actions en justice contre l’ATP et la WTA, ainsi que la Fédération Internationale et notre chère ITIA (agence antidopage indépendante du tennis). Parce que les quatre ensemble “fonctionnent comme un cartel” en mettant en place des restrictions anticoncurrentielles, des pratiques abusives et draconiennes, et ce sont les joueurs qui prennent. Alors Vasek Pospisil et 250 de ses collègues ont décidé semble-t-il de mettre les petits plats dans les grands et s’attaquer à très fort. Trop fort ?
Les arguments principaux sont :
la répartition des gains de tournois qui correspondent à environ 17% des gains totaux. En même temps c’est vrai que c’est pas beaucoup, requins que vous êtes.
Le bien-être des joueurs et la santé de ceux-ci. Parce que finir les matchs à 3h du mat’ et rejouer moins de 15h après, ça suffit. Jouer avec des balles usées dignes du club de Saint-Georges-les-Groseillers, ça suffit aussi. Jouer sous la canicule, pas mieux. Jouer 11 mois par an à l’autre bout du monde, dans quel autre sport voit-on ça ? Hein, quel sport ?
Limiter les contrats de sponsoring des joueurs pour d’obscures raisons, c’est pas très gentil non plus.
On oublie pas l’ITIA qui n’est pas tout à fait partiale et juste dans ses sanctions suite aux affaires de dopage (ou supposées)
Il y a une centaine de pages de réclamations qui n’a pas pour but d’aller plus loin après qu’un accord à l’amiable sera trouvé. On pensait que Novak Djokovic, instigateur de la PTPA prendrait entièrement fait et cause pour cette action mais a préféré se mettre en retrait “parce qu’il est trop connu”. Zverev et Alcaraz trouvent “certaines choses” intéressantes, d’autres moins et ne semblent pas tant concernés, peut être prisonniers dans leur donjon des champions. Sinner n’a pas été invité à donner son avis là dessus, tiens donc. Aller au bout de la procédure coûtera trop cher à la PTPA et aux joueurs, prendra des années, mais pourrait faire bouger les lignes.
La preuve ?
La PTPA demande une ordonnance du tribunal et accuse quelques jours plus tard l’ATP d’exercer une pression à coup de “communications inappropriées, coercitives ou menaçantes” sur des joueurs qui ont signé ce document et se sont joints à la fronde. Durant Miami, l’ATP et ses officiels auraient menacé des joueurs de conséquences négatives s’ils continuaient dans cette voie.
Elle est pas belle l’histoire, et surtout elle est pas finie.