Service à la Cuillère

Chaque semaine, un résumé à la volée de l'actu tennis en format court, décapant avec une touche d'humour. Les secrets de la petite balle jaune n'en seront plus pour vous au fil des semaines.

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Par Alex Chang
31 oct. · 5 mn à lire
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GMP, service compris, talent incompris

Chaque semaine, un résumé à la volée de l'actu tennis

Sommaire

  • Le fil rouge de la semaine : on a vu des adieux, une brutasse et une potentielle future patronne

  • Le joueur de la semaine : Giovanni Mpetshi Perricard à vous parce que ça va vite, très vite

  • Dominic Thiem : il a Dominiqué son poignet, il s’en va à 31 ans.

  • Le marché de l’emploi : si vous voulez voir du pays, postulez ça ne coûte rien et il y a des opportunités.

  • Qui suis-je ? : je n’ai jamais fait lever les foules et alors ?

Salut Thieminator ©Getty Images

Le fil rouge de la semaine

ATP 500 Bâle - Suisse : Mpetshi Perricard, pleine Bâle
Ils en ont vu de toutes les couleurs avec Gio, mais ils n’ont vu ni le jour ni la balle au retour. GMP s’est fait un nom en même qu’il recevait le statut de meilleur serveur du circuit. Impossible à breaker de toute la semaine, le 50ème mondial fait parler la poudre au service. Sur première balle mais aussi sur deuxième avec une vitesse moyenne hallucinante. La stat ? Notre pépite française sert aussi fort au second service que Hubert Hurkacz au premier.
En finale contre Ben Shelton, Gio sert à 235 sur première. Quand ça ne veut pas il sert à 210 sur seconde. Du jamais vu. Il bat donc Shelton, mais aussi Rune, Shapovalov, Auger-Aliassime et Duckworth. Le voilà 31ème à l’ATP. Arthur Fils, son frérot, est stoppé en demies par Shelton mais est le roi des ATP 500 2024.

ATP 500 Vienne - Autriche : Au revoir Domi, bonjour Jack
Semaine et séquence émotions à Vienne. L’enfant du pays Dominic Thiem, 31 ans et plus de poignet, tire sa révérence chez lui. L’italien Luciano finit Dare-Darderi, ne laisse pas souffler Thieminator et fait danser l’autrichien une dernière fois 7/6 6/2. Son ballet en revers va nous manquer. Son engagement physique et sa gentillesse évoquée aussi. C’est un vrai champion qui s’est détruit le physique à vouloir suivre le Big Three/Four qui s’en va.
Côté court, Draper hisse haut son drapeau, l’Union Jack. Le britannique confirme tout son talent et refoule ceux qui Vienne l’embêter. Khachanov, qui n’a plus de drapeau parce que Russe, n’a rien pu faire en finale. De Minaur retrouve du rythme jusqu’en demies alors que Musetti l’a perdu la même journée.

WTA 500 Tokyo - Japon : Zheng, Qinwin, win et win encore
Il n’y a qu’Aryna Sabalenka qui peut semble-t-il l’arrêter. La chinoise, numéro 7 mondiale mais numéro 2 dans les faits depuis l’US Open, a encore joué pleine balle à Tokyo. Elle va être à surveiller au Masters.
La championne olympique a tenu son rang, même en finale où elle aurait pu être étonnée de retrouver la 155ème mondiale. Mais Qinwen connaît le tennis et connaît Sofia Kenin. La lauréate de l’Open d’Australie 2020 et ancienne 4ème mondiale s’est retrouvée le temps d’une semaine en battant Wang, Tauson en 2h51 puis Kasatkina et Boulter. Trois têtes de série et de la confiance pour la nouvelle 88ème WTA. Dommage la saison touche à sa fin.

WTA 250 Guangzhou - Chine : Canton aime on ne compte pas pour Danilovic
A Guangzhou, anciennement Canton pour les non-experts en histoire de la Chine a vu le sacre d’Olga Danilovic. Habituée à végéter autour de la 100ème place, la serbe de 23 ans a gagné son 2ème titre à Guangzhou en s’imposant contre Dolehide en finale 6/3 6/1. Elle a surtout bénéficié de l’abandon de la tête de série n°1 en demies, la tchèque et petite amie de Machac, Siniakova qui planait comme la favorite de la semaine jusque là. Une manière de bien finir l’année en somme pour Olga.

Le trophée culmine donc à 3.25m les pieds bien ancrés ©Reuters

Le joueur de la semaine : Giovanni Mpetshi, service 5 étoiles et c’est tout ?

Il a pris son envol et leur vole dans les plumes. Giovanni Mpetshi Perricard, GMP, ou Gio si vous avez l’impression de le connaître a désormais sa petite réputation sur le circuit.
A balancer des ogives à tout va toute la semaine à Bâle, tout le monde parle de la nouvelle terreur du circuit. Forcément, ça se remarque un gamin de 21 ans, 2.03m sous la toise, avec un service jamais vu.

GMP, ou Grand Mec Puissant, est sur toutes les lèvres. Comment faire contre lui, jusqu’où peut-il monter, va-t-il tenir, est ce le vainqueur de Grand Chelem que la France entière attend ?
On en sait fichtrement rien mais toujours est-il qu’il pourrait être un sacré problème et une sacrée épine dans le pied des détracteurs du “ouais ces mecs là n’ont que leur service, c’est pas du tennis, y a pas de talent là dedans”. Parce que GMP pourrait durer et aller plus haut. Il a tout ce qu’il faut.

Alors, ce n’est qu’un nouveau “serve bot” ?
Vous avez déjà essayé, vous, de bouger une carcasse de 110 kilos comme le fait Gio ? Vous avez déjà essayé vous, de prendre des risques sur seconde balle au point d’être flashé à 210 en moyenne, en finale de votre premier ATP 500 ? De sauver une balle de set avec un deuxième service à 235km/h ? Sûrement pas, mais désormais vous en connaissez un. Un joueur capable de gagner son premier titre sur terre battue extérieure (ATP 250 Lyon) et son deuxième en indoor 500 ultra rapide.
Et si le talent c’était aussi ça ? Parce que c’est bien beau de s’extasier sur l’engagement physique et la main d’Alcaraz, la régularité de Sinner, l’élasticité de Djokovic, la puissance de Nadal ou la classe de Federer. Mais en attendant, le Giovanni il a l’air d’être plus que juste un service. Et il faudrait plutôt le remercier, parce que lui, il a un revers à une main lui. C’est donc un esthète pétri de talent. Point à la ligne.

Vive Giovanni Mpetshi Perricard, vive son service.

La balle est déformée avant même qu’elle ne soit frappée. C’est l’effet GMP. ©Getty Images

Dominic, on Thiem !

Où placer Dominic Thiem ? Pas totalement de la vieille génération, pas totalement de la NextGen, l’autrichien est le sacrifié sur l’autel du Big Four qui s’en est le mieux sorti. Mais sacrifié quand même, et plus tôt que tard.
Il est arrivé sur le circuit plein de bonnes intentions et bien motivé à en découdre avec les gros bras. Alors pour ça, l’autrichien avait un plan. Frapper fort, très fort. Jouer bien, très bien. Et être un temps le meilleur des autres.
Vite, trop vite catégorisé joueur de terre battue, il s’est inventé et réinventé pour faire peur à Federer, Djokovic et même Nadal sur terre. Il est le seul de l’histoire pour ce dernier. A quel prix ? Celui d’une carrière raccourcie et trop courte. Son poignet, son corps et sa tête l’ont lâché après qu’il ait atteint le graal. Son graal c’était un titre du Grand Chelem et il ne faisait aucun doute que s’il devait y en avoir un, et il allait y en avoir un, ce serait Roland Garros. Mais comme tout le monde ou presque (Djokovic et Isner), jamais il n’emmènera Nadal aux 5 sets. Alors il a travaillé dur et est devenu un joueur presque complet. Il s’impose à l’US Open 2020 face à Zverev (merci pour ça). La plus grande victoire de sa carrière est aussi son dernier titre et marque la fin de sa carrière au plus haut niveau. Quatre ans plus tard elle est officielle. Il l’avoue maintenant avec le recul, enchaîner est ce qu’il y a de plus dur. Il aurait du prendre une pause après son sacre pour ne pas en prendre une définitive aujourd’hui.

Thiem se retire avec 17 titres au compteur dont un Grand Chelem et Indian Wells, 3 autres finales en Majeur (2 Roland et un Open d’Australie en 5 sets contre Djokovic), une place de n°3 mondial en 2020, de grands revers et de très belles batailles. Il s’est simplement brûlé les ailes, comme tant d’autres, à vouloir se mettre au niveau des monstres de son époque. Il l’a fait un peu mieux que les autres.

Dominic s’en allait tout simplement…

Le début de la fin. Les regrets c’est pour après.

Le marché de l’emploi

Ils pointent à Pôle Emploi
Francisco Roig
Son nom ne vous dit peut être rien et pourtant. Francisco Roig est un sacré client. Un bon joueur de double qui a cumulé 9 titres ATP dans la discipline. Et un sacré paquet de Majeurs en tant que co-entraineur. Pendant 18 ans il a donné le change à Rafael Nadal, jusqu’en 2022, ce qui fait 22 titres du Grand Chelem où il y est pour quelque chose.
Depuis 10 mois il entraînait Matteo Berrettini. Jusque la semaine dernière où il a été remercié par l’italien qui est revenu à un niveau parfois intéressant malgré les blessures à répétition. Avec un CV pareil, Francisco devrait retrouver chaussure à son pied.

C’est le retour de l’oseille
Wim Fissette
Le serial entraîneur de ces dames ne sera pas resté longtemps sans le sou. Débarqué par Naomi Osaka il y a quelques semaines, remplacé par Patoche, il était jaloux et a carrément tapé dans le mille. Il a séduit, d’un point de vue strictement professionnel s’entend, la non moins renommée Iga Swiatek à qui il lance déjà des fleurs. L’association promet d’être intéressante, tout autant que le salaire on l’imagine bien. Pour Wim, c’est déjà la 6ème joueuse numéro 1 mondiale sur le CV qu’il a sous sa coupe. Et avec des coupes.

Ben Maxwell
Il pensait être à la retraite bien malgré lui, en même temps que sa pote et joueuse Danielle Collins. Car oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, l’américaine à des potes. Juste pas dans le vestiaire. Danimal comme on la surnomme a décidé de sortir de sa retraite avant même qu’elle n’y rentre et repart pour un tour. L’explication ? Son endométriose et les problèmes de fertilité que cette maladie peut engendrer sont mieux connus mais les délais plus longs qu’elle ne pouvait l’imaginer. Alors Danielle continue avec son Ben.

Qui suis-je ?

Hola a todos.

J’ai 36 ans, bientôt 37. Je traîne mon cri et mes guêtres sur le circuit ATP depuis bien trop longtemps au goût de certains 2011. J’écumais le circuit challenger depuis 2007 et ils en ont eu marre de moi, eux aussi.
J’ai 4 titres ATP. Devinez quoi, tous sur terre battue en extérieur et tous dans la catégorie 250.
J’ai également 8 autres finales. Devinez quoi, 7 de ces 8 finales sont sur terre battue en extérieur et dans la catégorie… Ah non c’est vrai, j’ai une finale évidemment perdue contre Nadal à Monte Carlo.
Donc oui, je fleuris de nouveau à chaque printemps qui revient. Et ça fait quelques années que ça dure. 13 ans si vous savez compter.
J’ai un quart de finale en Grand Chelem. Vous avez sans doute une petite idée duquel. Non c’est pas Wimbledon.
J’ai été 17ème mondial à mon plus haut. Ils ont du en avoir marre de moi cette année.
J’ai l’air chiant quand j’écris ? Comme mon jeu. Et encore vous ne m’entendez pas crier à chaque frappe de balle. Pas de chance pour mes adversaires, je suis un vrai rameur, ça ne m’intéresse pas s’il y a un échange à moins de 23 frappes de balle. Je suis gaucher aussi, je sais pas si je l’ai dit.
Mon nom est pénible à écrire. Comme moi. Parce qu’il est long. Comme les échanges si t’es mon adversaire.
C’est drôle, sur wikipédia ma photo c’est moi à Wimbledon. J’y ai jamais rien foutu pourtant. J’ai même réussi à y perdre contre Casper Ruud un jour.

Je suis le joueur préféré de Service à la Cuillère. Mais je crois qu’il se foutent de moi. Et de vous.

A la semaine prochaine.

A.