Ce qu’il s’est passé la semaine dernière

ATP 250 Eastbourne : Fritz est très gourmand
Chaque fois que Taylor Fritz arrive à Eastbourne, il a l’estomac vide et les crocs. Cette année encore, le déjà double lauréat du tournoi (2019 et 2022) a servi de l’ace comme un chef au point de ne pas se faire breaker de la semaine. Jamais rassasié dans le sud de l’Angleterre, il s’ajoute une 3ème couronne et arrive à Wimbledon les dents longues et ses couteaux aiguisés. Grosse semaine pour Max Purcell, finaliste après être sorti des qualifs, Vukic dans le dernier carré d’agneau en qualité de lucky-loser, ainsi qu’un Harris forcément tendre en demies aussi, mais qui aura honoré son invitation.

ATP 250 Majorque : Tabilo, une victoire à surligner
Alejandro Tabilo est chilien. Donc sudaméricain. Par définition, si palmarès il y avait, ce devrait être sur terre battue. Mais notez le dans votre cahier, Tabilo écrit sa propre histoire en gras et en majuscules. Et son histoire elle passe par un titre sur gazon. En Espagne il s’impose en finale contre l’autrichien Ofner, et en demies contre un Gaël Monfils qui reverdit. Paul Jubb, demi-finaliste et qualifié, a passé une bien belle semaine également, en tout cas bien meilleure que Shelton, Mannarino, Bublik ou Humbert.

WTA 500 Eastbourne : Kasatkina, à la bonne heure
Daria Kasatkina, jamais la langue dans sa poche et le sourire aux lèvres à Eastbourne. Elle glane 500 points au nez et à la barbe de Leylah Fernandez 6/3 6/4. Elle avait auparavant croqué dans la pomme que Paolini, demi-finaliste de Roland lui a tendu, sans demander son reste. De l’autre côté, Madison Keys a gentiment offert le café et une place en finale à la jeune canadienne Fernandez. Trop gentille Madie.

WTA 500 Bad Homburg : Shnaider, la pile électrique
Diana Shnaider a mis les doigts dans la prise en Allemagne et a électrifié tout le monde. La jeune russe a fait montre de tout son talent pour soulever le trophée aux dépens de la croate Donna Vekic 6/3 2/6 6/3. En demies, Shnaider a coupé les circuits de l’américaine qui brille de plus en plus, Emma Navarro, encore en train d'enquêter sur sa défaite. En demies, Tomova, qualifiée, a dû éteindre la lumière car elle n’avait pas prévu d’aller aussi loin.

Pas une photo d'Alejandro Tabilo sur gazon. Quand on vous dit qu'ils aiment la terre battue ces chiliens

Big Ben a sonné, Wimbledon, c’est l’heure !

Les compteurs sont remis à zéro, les joueurs et joueuses sont dans les starting-blocks, le plus chic des tournois commence et mieux vaut être à l’heure car les breaks sont souvent rédhibitoires au All England Club.

Djokovic pile dans les temps ?

L’année dernière, Alcaraz avait montré qu’il aimait être en avance sur les temps de passage du commun des mortels. Très pressé, il avait déjoué les pronostics en mettant à terre Novak Djokovic dans un thriller en 5 sets fantastique d’intensité et de dramaturgie. Sauf que dans le genre pressé cette année, Sinner n’est pas en reste. Il a presque rattrapé son retard sur Carlitos et aujourd’hui, c’est bien l’italien qui mène la danse du classement.
L’horloge tourne pour la next gen et il ne faudrait pas qu’elle loupe le train trop souvent maintenant. Tsitsipas, Ruud et Zverev ne sont pas des plus à l’heure lorsqu’il s’agit du tournoi britannique et c’est bien dommage. Medvedev en a un de Grand Chelem, mais il a depuis son US Open un train de retard.
Derrière, d’autres joueurs ont réglé leur montre pour être pile dans les temps. En tout cas ils l’espère. On pense à Dimitrov et Hurkacz, pas les plus manchots sur la surface. Des surprises de dernière minutes peuvent toujours s’inviter dans le dernier carré tout en étant ramené à la raison dans le sprint final. N’est ce pas Félix Auger-Aliassime, Tommy Paul, Taylor Fritz ou Alex de Minaur ?

Nos paris :
***** : Les deux jeunes cracks Sinner et Alcaraz veulent montrer qu’ils ont une longueur d’avance sur le reste de la concurrence et la mettre encore un peu plus dans le rétro.
**** : Novak Djokovic voit le temps défiler, les années passer. S’il est dans le tableau, c’est que le genou est rétabli a-t-il annoncé. Il a gagné 7 Wimbledon, on a envie de le croire. Ne jamais enterrer ce champion au risque de voir des faux rebonds sur le Centre Court. Hubert Hurkacz, avec son service et son jeu complet doit se dire que c’est maintenant. Ce n’était pas avant, et ça pourrait ne pas être après. Alex Zverev dit qu’il est prêt. L’allemand a l’habitude de traîner en Grand Chelem, à lui de changer ses habitudes pour ne pas voir sa réputation lui coller à la peau. Les autres ne l’attendront pas.
*** : Les coupeurs de têtes par excellence aimeraient être invités au repas et pas seulement au vin d’honneur. Alex de Minaur, Grigor Dimitrov, Taylor Fritz et Tommy Paul ne courent pas tous contre le temps, mais derrière un Grand Chelem c’est certain.
** : il y a ceux qui ne sont pas à l’aise sur gazon mais dont le statut fait qu’il ne faut pas les ignorer. Tsitsipas, Medvedev ou Rublev seront plus ou moins présents. Edit: Rublev est à ignorer dès le 1er tour.
* : Rune n’est pas en confiance mais son agressivité peut faire des dégâts. Auger-Aliassime, Humbert, Korda, Khachanov et Draper veulent sonner le tocsin. Mais entre vouloir et pouvoir…

Et si Grigor Dimitrov allait chercher son titre en Grand Chelem ? Hein, et pourquoi pas ?

Swiatek va-t-elle encore être à contre temps ?

La polonaise numéro 1 mondiale incontestée n’a pas encore trouvé la bonne formule sur la surface. Son talent et sa confiance pourraient cependant suffire à ce qu’elle soit la dernière dans deux semaines. Donc la première. Surtout que la concurrence n’est pas des plus féroces ces dernières semaines. Aryna Sabalenka, incertaine jusqu’au dernier moment a stoppé le temps, ou plutôt son temps, et ne reviendra que plus tard. Certaines ne semblent pas encore prêtes à gagner. D’autres semblent subir un drôle de décalage horaire et restent bloquées dans les années précédentes comme Jabeur ou Rybakina. Les tchèques arrivent généralement tout juste sur le gong, il faut attendre le dernier moment pour pouvoir compter sur leur présence ou non (Muchova, Vondrousova, Kvitova et tout les -ova que vous croiserez ou pas). Reste les américaines Coco Gauff,Jessica Pegula, Madison Keys et Danielle Collins, tapies dans l’ombre et prête à surgir à n’importe quel moment. Et puis il y a Naomi Osaka. Vu ce qu’elle a montré à Roland Garros contre Swiatek, il s’agirait de la prendre de nouveau en considération.

Une édition très ouverte donc chez les femmes qui pourrait amener son lot de surprises à la dernière minute. Comme d’habitude ou presque finalement.

***** : Swiatek, Rybakina et Gauff ne sont pas seulement premières au classement. Elles sont également, par leur statut de vainqueurs de Grand Chelem, les favorites cette année.
**** : Vondrousova (edit elle s’est prise les pieds dans le tapis dès le 1er tour contre une espagnole…) en tant que tenante du titre. Pegula, Keys, Navarro et Collins peuvent frapper un grand coup sur le gong. Jabeur peut retrouver le sourire d’un coup d’un seul en menant une superbe campagne et en qualité d’ancienne finaliste.
*** : toute autre tchèque que Vondrousova que vous reconnaîtrez facilement. Qinwen Zheng par son classement (edit, elle aussi oubliez, un tour sur elle même et puis s’en va). Naomi Osaka, la grosse cote qui pourrait bientôt ne plus en être une.
** : une russe, n’importe laquelle tant qu’elle s’appelle Shnaider, Samsonova, Kudermetova, Kalinskaya, Kasatkina voire Alexandrova ou Andreeva (edit, elle aussi oubliez).
* : Caro Garcia. Ben quoi ?

Chez les français, ça donne quoi ?

Si l’on se fie à la préparation sur gazon, permettez-moi de vous dire que l’optimisme n’est pas de rigueur.

Nos supposés deux têtes d’affiche et numéros 1 et 2 que sont Humbert et Mannarino n’ont pas beaucoup voire pas du tout convaincu lors des différents apéritifs.
Ugo Humbert, en qualité de tête de série n°16 est un minimum protégé. Mais à part au Queen’s où il a sorti Fils, Brouwer avant de lutter à armes égales pour s’incliner finalement contre de Minaur, c’est bof. Voire carrément inquiétant. Perdre contre Arnaldi, passe encore. Mais contre Roberto Bautista Agut qui fait ses 36 ans depuis 2 ans…

Quant à Adrian Mannarino, c’est encore pi… Il a perdu au 1er contre Gaël Monfils. Voilà.Cela m’apprendra à être en retard. Et il ne gagne plus un match depuis fort longtemps, comme si atteindre le top 20 était l’objectif et qu’il a la tête à la retraite désormais.

Gaël Monfils justement. Il se et nous surprend à réapprivoiser le gazon. Demi-finaliste à Majorque, il n’a jamais paru autant motivé sur cette surface depuis qu’il est pro. Et ça fait longtemps qu’il est pro.

La jeune garde représentée par Fils, Mpetshi Perricard et Cazaux semble prête à passer des tours. En témoignent leurs 3 victoires au 1er tour d’ailleurs. Avec une très grosse perf contre Korda (20ème) pour le deuxième cité dont le nom est tout de même très long.

Corentin Moutet a dû déclarer forfait au dernier moment pour soigner un œdème osseux et se préserver pour les JO. Rinderknech, Muller, Lestienne et autres Gaston eux, seront là pour faire quelques vagues. A moins qu’une agréable surprise…

Chez les femmes, donner Garcia gagnant avec certitude de son premier tour relevait de l’irrationalité. Mais, spoiler, elle a bien assuré contre Anna Blinkova et l’épaule qui l’embête a tenu.

Varvara Gracheva, en confiance après son joli Roland dans sa nouvelle maison aimerait aller aussi loin que son jeu peut la porter. Après un premier tour bien géré, ce sera l’ukrainienne Yastremska, 27ème mondiale. Pas du gâteau mais Varvara est en appétit en ce moment.

Clara Burel a passé un tour alors que Diane Parry, pas toujours vernie par le tirage au sort, aura eu le mérite de piquer un set à Naomi Osaka. Océane Dodin n’a pas fait mieux, plutôt moins bien pour être précis.

Rare image en 20 ans d'un Gaël Monfils motivé et pas mauvais sur une surface qu'il abhorre.