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Novak Djokovic EST le tennis.
Il manquait quelque chose à Novak Djokovic. Une seule chose. Alors chaque été, tous les 4 ans depuis 2008, il retentait sa chance. Parce que le bronze de Pékin ne lui convenait pas. Comme si le joueur le plus titré de l’histoire du tennis ne devait, ne pouvait pas terminer le jeu.
A 37 ans et une saison 2024 compliquée pour ses standards, le voir décrocher la médaille d’or relevait de la surprise. Au minimum.
Alors le serbe a pris la manette, enclenché le mode vies illimitées et, sans prendre de raccourcis, a passé tous les niveaux avec insolence et facilité.
1er tour : Djokovic, maître du jeu, rencontre l’australien Ebden qui ne l’emportera pas au paradis 6/0 6/1. Nadal le rejoint en 3 sets mais il va lui falloir trouver une botte secrète. Coup dur pour les deux chiliens. Jarry-ve et je repars pour Nicolas, à côté de ses pompes depuis qu’il a croisé Coco Moutet à Roland. Si Tabilo avait mieux surligné sa date d’entrée dans la compet, il serait peut être passé contre Safiullin. Fils ne trouve pas la clé contre Arnaldi, Monfils non plus contre Musetti. Les favoris et outsiders valident le premier niveau.
2ème tour : on l’attendait tous, tout en étant inquiet. Est-ce que, pour leur 60ème combat (30-29 Djokovic), Nadal va se montrer à la hauteur sur le ring ? Une droite 6/1 au premier set, un crochet 4/0 dans le deuxième avant que Rafa ne trouve de la longueur. Mais un uppercut plus tard, le lion est K-O 6/1 6/4. Un autre vieux lion terrassé, c’est Wawrinka, contre Popyrin. C’est très Cerundolo-ureux pour Ugo Humbert 5/7 7/6 5/7. Jan-Lennard a pris un coup sur la Struff et déclare forfait plutôt que de ressortir plein de Cocos Moutet.
8èmes de finale : Djokovic croise le Koepfer et touche au cœur 7/5 6/3. De cœur, Alcaraz n’en a pas eu pour Safiullin 6/4 6/2. Le cœur de Tsitsipas est déjà pris par Badosa, mais il continue à Paris après avoir gagné contre Baez. C’est un crève-cœur pour Moutet, dernier français du tableau et qui s’incline contre Tommy Paul 7/6 6/3. Quant à Medvedev, c’est quelqu’un qui a la main sur la cœur en autorisant Auger-Aliassime à continuer en quarts.
Quarts de finale : Casper est battu à la touche après un Ruud combat contre Auger-Aliassime 6/4 6/7 6/3. Visiblement un peu brassé, le champion olympique en titre Zverev finit par couler contre Musetti en deux sets. Un qui papillonne en revanche, c’est Alcaraz qui met la tête de Paul sous l’eau. Sale gosse. Encore une fois, Tsitsipas nage à contre-courant contre Djokovic. Le serbe est en demies sans faire de vagues.
Demi-finale :
Carlos Alcaraz - Félix Auger-Aliassime. Autant vous le dire de suite, ça fait ippon après 28 secondes de combat. Le canadien a à peine eu le temps d’entrer sur le tatami et saluer qu’il s’est retrouvé sur le dos 6/1 6/1.
Novak Djokovic - Lorenzo Musetti. L’affiche n’est pas un classique mais revient souvent en ce moment. Le vieux singe serbe attrape très vite la manche de l’italien pour ne plus la lâcher. Un waza-ari pour commencer au premier set suivi d’une immobilisation (clé de bras) au deuxième et Djokovic gagne avant le golden score. Trop facile 6/4 6/2.
Match pour le bronze : Meilleur nageur, Musetti a pris de l’avance quand il a fallu se mouiller la nuque. Seulement, Félix a les cuissots plus costauds et a refait son retard très rapidement lorsqu’il a fallu pédaler, et pas dans le vide. Mais au final, Musetti, meilleur coureur, a réussi au train à décrocher le canadien et le bronze 6/4 1/6 6/3.
Match pour l’or : Novak Djokovic touche au but. Il n’a plus qu’à transformer l’essai. Une dernière flèche dans le 10 et c’est plié. En face, le nouvel ogre Alcaraz, peut être un peu pris par l’enjeu pour ses premiers JO, loupe une porte avant un déséquilibre à la poutre. Ce n’est pas grand chose, ça se joue à quelques centimètres à chaque fois. Mais c’est bien le serbe qui touche les lignes. 7/6 7/6 Djokovic pour ce qui est, il l’avouera ensuite, le titre qui lui a procuré le plus d’émotions. Il a tout gagné. Les 4 grands chelems au moins trois fois, les 9 Masters au moins deux fois, le Master, la Coupe Davis. Et, enfin, l’or aux JO. Terminé.
”Regarde Emma, je souris quand je gagne !”
Il y avait une boss et plein de prétendantes. Sauf qu’aux Jeux Olympiques, les compteurs sont remis à zéro et à niveau.
Le niveau, la chinoise Zheng l’a. On le savait déjà et l’or n’est qu’une confirmation. A 21 ans, la demi-finaliste de l’Open d’Australie et 7ème mondiale a bataillé, s’est faite une ennemie (Navarro), et beaucoup d’ami.es dans son pays.
Chez les filles, ça a tiré à balles réelles sur et en dehors des courts. Danielle Collins, comme d’habitude, qui balance à Swiatek qu’elle n’a pas besoin d’être hypocrite et s’émouvoir pour de faux de l’endométriose de l’américaine, future retraitée. Emma Navarro, américaine elle aussi, n’aime pas trop Zheng et le lui a fait savoir. “Je ne la respecte pas en tant qu’adversaire blablabla”. En gros, elle accuse la chinoise de foutre une sale ambiance dans le vestiaire, à ne jamais sourire. Au moins ça pimente, ça met du sel dans un sport que l’on dit trop lisse.
Qinwen Zheng donc, n’aime pas parler aux autres, et préfère… les faire taire par le jeu. Surtout Errani, a qui elle colle une double roue 6/0 6/0 pour commencer. Rus, qui ne l’est pas, fait un petit peu mieux. Navarro, 15ème mondiale, offre forcément plus de résistance. Dans ce match tendu jusqu’à la poignée de main donc, Zheng s’en sort 6/7 7/6 6/1. Elle n’est pas moins sollicitée en quarts contre Angélique Kerber qu’elle finit par enterrer 6/7 6/4 7/6. C’était le dernier match de la carrière de l’allemande par la même occasion. Monstrueuse mentalement, elle fait le match de sa vie et une copie parfaite contre la vorace que l’on pensait invincible Iga Swiatek 6/2 7/5. La finale sera plus simple contre la surprise Donna Vekic, en feu depuis Wimbledon 6/2 6/3.
Donna Vekic, a su, tout le long de la semaine, distribuer à droite à gauche des balles à qui en voulait. Bronzetti et Andreescu ont subi les foudres de la croate. Parce qu’il faut une grosse perf pour mériter une médaille, Donna s’est dit “pourquoi pas une petite Gauff ?” On en trouve facilement à Paris et ça ne lui a coûté que 7/6 6/2. Kostyuk en quarts (au tie break du 3ème) et Schmiedlova en demies sont tout autant mangées. Une bien belle semaine.
Pour le bronze, c’est une peau sacrément blanche qui se l’est accaparée. Swiatek, qui a pris un gros coup de soleil en demies, a mis de la biafine, puis sa casquette a fait le reste pour laisser Schmiedlova sur le carreau 6/2 6/1.
Et au cas où vous vous poseriez la question, non, Schmiedlova n’est pas tchèque mais bien slovaque.
Les françaises ? Diane Parry perd comme prévu face à Swiatek en marquant 2 jeux au 2ème tour. Deuxième tour également pour Clara Burel contre Kostyuk. Caro Garcia contre Cristian et Gracheva contre Haddad Maia prennent un set mais pas deux au premier tour.
C’est encore mieux à deux.
Sara Errani (Italie), même âge que Djokovic mais pas totalement le même palmarès, a vécu les plus belles émotions de sa carrière auprès de Jasmine Paolini en disant aux gamines en face d’elles en finale “vous avez encore le temps, moi non” (aucune source vérifiable) 2/6 6/1 10-7. Les gamines, ce sont Mirra Andreeva et Diana Shnaider, sous bannière neutre mais russes le reste de l’année. A elles deux elles ont l’âge de… Errani.
Pour les médailles de bronze et chocolat, les espagnoles Bucsa et Sorribes Tormo sont plus salé que sucré et laissent les regrets (et mes larmes) aux tchèques Muchova et Noskova 6/2 6/2.
En double hommes, Ebden et Peers étaient du même métal que leur médaille au bout du compte, en or. 6/7 7/6 10-8 au super tie break. Difficile de faire plus serré et nerveux. En face, c’était la paire américaine Ram (40 ans) et Krajicek. Qui ont donc fait mieux que l’autre paire américaine, mais de peu. Les copains Fritz et Paul, top 15 en simple, se sont amusés et repartent avec la breloque de bronze en frustrant les tchèques encore, Machac et Pavlasek.
Rassurez-vous, il était dit que les tchèques ne repartiraient pas sans médaille. Et c’est la plus belle qu’ils décrochent en double mixte. L’amour a joué son rôle là-dedans car non contents de partager le court ensemble, Machac et Siniakova partagent aussi leur vie. Zhang et Wang n’ont rien pu faire face à cette belle histoire. Les canadiens Auger-Aliassime et Dabrowski, grands seigneurs en demies, en ont eu marre de célébrer l’amour et ont privé du bronze la paire néerlandaise Schuurs-Koolhof.
Sara Errani a l’air d’avoir de l’humour
Andy se hâte. Andy se méfie. Andy se tâte. Andy rentre chez lui. Andy a toujours évité les ennuis. Chou !
Andy Murray a dit stop et c’est une légende qui tire sa révérence. Sa hanche, son corps et finalement la tête ont dit stop. Depuis un petit moment déjà en réalité. Mais Andy n’avait pas envie d’arrêter de râler et traîner des pieds. Alors il a continué. Jusqu’aux Jeux de Paris, pour partir en beauté et par amour pour le jeu.
L’écossais de Sa Majesté est arrivé en 2005 pour s’en aller 19 ans plus tard avec le statut de légende de son sport. Son charisme, sa personnalité, son humour, ses idées et ses engagements qu’il a toujours porté haut vont manquer pendant longtemps. Son revers, ses lobs, sa lecture du jeu, son fighting spirit et sa qualité de déplacement également.
On peut choisir de le mettre dans l’ombre de Federer, Nadal et Djokovic. On peut aussi choisir de le mettre avec ces trois monstres qui, longtemps, n’ont été challengés que par lui seul. Ce n’est pas pour rien que le Big Four est devenu le Big Three, seulement à partir du moment où Federer et Nadal ont recommencé à gagner en 2017 et où Andy a décliné.
Il suscitait l’espoir de tout un pays, qui lui mettait une pression démesurée, qui le voyait comme le messie qui rendrait ses lettres de noblesse à l’empire britannique. Alors Murray l’a fait. Il aura mis du temps, il aura perdu 4 finales pour commencer. Mais il a fini par le faire. D’abord en conquérant l’or chez lui à Londres en 2012. Puis l’US Open la même année. Mais le graal, Wimbledon, c’est en 2013 et 2016 qu’il le touche. Que tout le Royaume-Uni touche.
Il va nous manquer. Ils nous manquent déjà, lui, sa hanche en métal et sa maman Judy, toujours présente.
Dans les chiffres, Andy Murray, c’est :
46 titres
3 titres du Grand Chelem plus 8 finales et 10 demies
1 Master et 14 masters 1000
2 médailles d’or en simple aux JO et une Coupe Davis
Numéro 1 mondial en 2016-17 pendant 41 semaines
29 victoires contre Nadal (7 fois), Federer (11) et Djokovic (11)
56 défaites contre les trois monstres. Ce qui aurait pu faire 56 titres de plus s’ils n’avaient pas existé.
Good Bye Andy. Et merci <3
Angélique Kerber ne voulait pas laisser Andy Murray prendre sa retraite seul. Alors elle s’est dévouée. Ou peut être bien que c’est le contraire. Ou peut être aussi que le timing n’a rien à voir.
Ce qui a quelque chose à voir en revanche, c’est leur palmarès et leur carrière, étrangement ressemblants.
L’allemande, 36 ans, s’est révélée à l’US Open 2011 avec une demi-finale. Ce seront ensuite 4 années de top 10, 14 titres dont 3 Grands Chelems, aucun WTA 1000 (!!!), l’argent en simple aux JO de Rio 2016, une place de numéro mondiale fin 2016 pour 34 semaines et un jeu qui a embêté Serena Williams en personne.
Arrêtée par des blessures physiques mais aussi un peu mentales il faut bien le dire, elle a tenté un come-back en 2024 après avoir donné naissance à une petite fille en 2023. Mais ses faits de gloire, ce sont avant tout ses 3 victoires à l’Open d’Australie (S.Williams) et l’US Open 2016 ainsi que Wimbledon 2018 (S.Williams encore). Elle règne d’autant plus en 2016 qu’elle atteint les finales de Wimbledon et du Master.
Elle finit en beauté à Paris. Elle n’a peut être même jamais aussi bien joué à Roland Garros que lors de ces JO où, libérée de ce poids, elle sort Osaka, Cristian, Fernandez et ne s’incline que contre Zheng. Un match titanesque qui fait dire qu’elle a encore le niveau des grandes aujourd’hui. Mais à 36 ans, elle a décidé de s’arrêter. Il n’y a plus grand monde de sa génération à jouer encore après elle…
Auf Wiedersehen Angelique, et merci <3